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Félix Guattari

Félix Guattari
Philosophe occidental
Philosophie contemporaine
Félix Guattari
Félix Guattari

Naissance 30 avril 1930 (Villeneuve-les-Sablons)
Décès 29 août 1992 (Cour-Cheverny)
Principaux intérêts PhilosophiePolitique,PsychanalysePsychiatrie
Idées remarquables SchizoanalyseÉcosophie
Influencé par DeleuzeFreudMarxLacan,Sartre
A influencé DeleuzeBerardiElkaïm,LazzaratoNegriPelbartQuerrien,RolnikStengers
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Félix Guattari, né le 30 avril 1930 à Villeneuve-les-Sablons (Oise), mort le29 août 1992 à la clinique de La Borde (Cour-ChevernyLoir-et-Cher) est unpsychanalyste et un philosophe français1.

Sommaire

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Biographie [modifier]

Proche de Jean Oury et de son frère Fernand, Félix Guattari a travaillé toute sa vie à laclinique de La Borde, haut lieu de la psychothérapie institutionnelle. Il a suivi longtemps le séminaire de Jacques Lacan, qui fut son psychanalyste. Il a pris ses distances avec le « lacanisme » au fil de sa collaboration avec Gilles Deleuze (c’est lui l’inventeur du concept « déterritorialisation »)2, tentant de renouer avec l’inventivité première de lapsychanalyse, et a trouvé quelques échos notamment dans la pratique brésilienne3.

Il a été à l’origine du Centre d’Études, de Recherches et de Formation Institutionnelles (CERFI, 1965-1987), dont la revue Recherches publia des dizaines de numéros spéciaux, approches amoralistes du travail, de l’école, des toxicomanies, desféminismes, des homosexualités et des dites « perversions »4.

Militant très à gauche, Guattari a soutenu de nombreuses causes de minorités dans un contexte mondialisé (auprès des Palestiniens en 1976, en soutien aux opéraïstesitaliens en 1977, pour le processus de re-démocratisation du Brésil à partir de 1979, etc.). Il a en particulier animé de 1977 à 1981 le Centre d’Initiative pour de Nouveaux Espaces de Liberté. C’est dans ce cadre qu’il a été l’un des promoteurs des radios libres. Félix Guattari participe ainsi en 1981 à la création de Radio Tomate. Il fait partie aussi du collectif de soutien à la candidature de Coluche pour la campagne présidentielle de 19815.

« Mais, pourquoi le nier, certains enjeux politiques nous tiennent à cœur, et surtout certains refus qui nous conduisent, à nos risques et périls, à nous engager dans certaines aventures plus ou moins risquées. Notre expérience des formes dogmatiques d’engagement et notre inclination irrépressible vers les processus de singularisation nous prémunissent — du moins le pensons-nous — contre tout surcodage des intensités esthétiques et des agencements de désir, quelles que soient les propositions politiques et les partis auxquels on adhère, fussent-ils les mieux intentionnés. Il n’y a d’ailleurs qu’à suivre la pente. Chaque jour se fraient sous nos yeux de nouvelles voies de passage entre les domaines autrefois cloisonnés de l’art, de la technique, de l’éthique, de la politique, etc. Des objets inclassables, des “attracteurs étranges" — pour paraphraser une fois de plus les physiciens — nous incitent à brûler les vieilles langues de bois, à accélérer des particules de sens à haute énergie, pour débusquer d’autres vérités. »

— « La guerre, la crise ou la vie », Change International, Paris, septembre 1983 ; repris dans MicropolitiquesLes Empêcheurs de penser en rond, Paris, 2007, p. 268-272

Tombe de Félix Guattari au cimetière du Père Lachaise.

Philosophie [modifier]

Félix Guattari ne croit pas qu’il soit possible d’isoler l’élément inconscient dans le langage ou de le structurer dans des horizons signifiants. L’inconscient au contraire se rapporte à tout un champsocialéconomique et politique. Les objets du désir se déterminent comme réalité coextensive au champ social (et par conséquent à celui défini par l’économie politique).

Une cartographie de la subjectivité, pour avoir une portée analytique, doit selon lui se défaire de tout idéal de scientificité. Elle s’asseoit sur une critique percutante des modes de subjectivation subordonnés au régime identitaire et au modèle de la représentation, sur ce que la psychanalyste et collaboratrice Suely Rolnik appelle « le malaise dans la différence »6. L’éthique guattarienne consiste à opposer à cet idéal un constructivisme ontologique sur tous les plans, aussi bien dans le cas d’appréhension des niveaux éthologiques chez les bébés que dans celui de la fonction existentialisante du rock pour les jeunes ou bien encore dans celui de l’appréhension pathique dans la psychose, où peuvent être inclus les composants sémiotiques les plus divers (incorporation de la science ou des médias comme éléments du roman familial moderne, par exemple).

Pour cela il faut accepter que la psyché est le résultat de composants multiples, hétérogènes. Elle enveloppe le registre de la parole mais aussi les moyens de communication non verbaux, les relations à l’espace architectonique, les comportements éthologiques, les statuts économiques, les aspirations esthétiques et éthiques, etc. Ce qui implique qu’on ne peut prendre la subjectivité comme donnée, configurée par les structures universelles de la psyché, mais, au contraire, qu’il faut supposer des engendrements différenciés de subjectivations. C’est pourquoi l’inconscient n’est pas structurel mais processuel ; il ne peut être référé au seul roman familial mais doit l’être également aux machines techniques et sociales7 ; il ne peut être entièrement tourné vers le passé mais doit également l’être vers le futur.

« La singularité, la finitude est quelque chose qui est au cœur de notre existence. Le problème se pose d’aller saisir la singularité de l’autre sans rentrer dans un rapport d’identification, de sujétion, et d’être là ami d’un processus possible, — un processus qui ne se réfère pas à des universaux de la subjectivité comme les complexes freudiens ou les mathèmes de l’inconscient lacanien, mais qui forge sa propre cartographie, sa propre métamodélisation, et qui permet à l’individu, suivant les situations, de reconstituer des territoires existentiels là où il était dans l’angoisse, dans la déréliction, de reforger des rapports au monde, une possibilité de vivre.
C’est une activité qui se veut non-modélisante, et qui est beaucoup plus sous l’égide d’un paradigme esthétique que d’un paradigme scientifique. Il s’agit à chaque fois, dans une cure, de forger une œuvre singulière. Les artistes sont, surtout depuis les grandes ruptures conceptuelles introduites par Marcel DuchampJohn Cage et d’autres, ceux qui travaillent sans filet, sans base, ils n’ont plus de normes transcendantes et travaillent l’énonciation même du rapport esthétique. Ils forment le noyau le plus courageux dans ce rapport de créativité, mais ils ne sont pas seuls : les enfants à l’âge de l’éveil au monde, les psychotiques, les amoureux, les gens qui sont atteints par le sida, les gens qui sont en train de mourir, etc., sont dans un rapport chaosmique au monde. Les artistes forgent des instruments, fraient des circuits pour pouvoir affronter cette dimension « Qu’est-ce que je fais là ? Qu’est-ce que c’est que cette planète ? À quoi je peux me raccrocher ? ». À rien de transcendant : tu peux te raccrocher au processus immanent de créativité.

Le paradigme esthétique, en dehors de la production d’œuvres esthétiques, est quelque chose qui travaille aussi bien la science que la pédagogie, l’urbanisme, la médecine ou la psychiatrie, parce que c’est cette méthodologie même, cette méthodologie existentielle, cette micropolitique existentielle qui est élaborée, travaillée, creusée par cette perspective esthétique. »

— Entretien en 1991 à la télévision grecque8

Pensée de la natalité, des commencements9, la recherche radicale de Guattari d’une capacité à donner forme conceptuelle et pragmatique à des interrogations existentielles, à réintégrer la complexité des individus, leur libido, leurs rêves, dans l’équation politique, s’outille du côté de la psychothérapie institutionnelle et de la psychosociologie dans un premier temps ; puis Guattari se tourne vers des sémiotiques non limitées par l’effondrement des « lieux de parole », sensible depuis 1975 ; enfin il invente les « cartographies schizoanalytiques » et jette les bases de l’« écosophie »10.

Article détaillé : Écosophie.

Le vocabulaire de Guattari [modifier]

Citations [modifier]

  • « Il n’y a pas de manque dans l’absence ; l’absence est une présence en moi. »

Ouvrages publiés en français [modifier]

  • Psychanalyse et transversalité, Maspéro, Paris, 1974 (réédition La Découverte, Paris, 2003)
  • La révolution moléculaire, Éditions Recherches, Paris, 1977
  • La révolution moléculaire, UGE (10/18), Paris, 1980
  • L’inconscient machinique, Éditions Recherches, Paris, 1979
  • Les années d’hiver : 1980-1985, Bernard Barrault, Paris, 1985 (réédition Les Prairies ordinaires, Paris, 2009)
  • Cartographies schizoanalytiques, Galilée, Paris, 1989 (appendices sur GenetWitkiewiczBalthus, etc.)
  • Les trois écologies, Galilée, Paris 1989
  • Chaosmose, Galilée, Paris, 1992
Publications posthumes
En collaboration avec Gilles Deleuze
  • L’Anti-Œdipe : capitalisme et schizophrénie, Minuit, Paris, 1972
  • Rhizome, Minuit, Paris, 1976 (repris dans Mille Plateaux)
  • Kafka, pour une littérature mineure, Minuit, Paris, 1975
  • Mille Plateaux : capitalisme et schizophrénie, Minuit, Paris, 1980
  • Qu’est-ce que la philosophie ? Minuit, Paris, 1991
En collaboration avec Toni Negri
  • Les nouveaux espaces de liberté, Dominique Bedou, Paris, 1985.
Avec Jean Oury et François Tosquelles
  • Pratique de l’institutionnel et politique (entretiens), Matrice, Paris, 1985
En collaboration avec Suely Rolnik
  • Micropolitiques, Les Empêcheurs de penser en rond, Paris, 2007 (édition originale brésilienne, 1986)

Autour de l’Œuvre [modifier]

Livres
Articles et numéros spéciaux de revues
  • « Félix Guattari – Textes et entretiens », dans Chimèresno 21 (vol. 1) et no 23 (vol. 2), 1994.
  • Jean-Philippe Cazier, « Résonances », dans Chimèresno 23, 1994 [lire en ligne][pdf]
  • Sande Cohen, « Pour une lecture de La révolution moléculaire », dans Chimèresno 29, 1996.
  • Pascale Criton, « Ars Anima, pour une sensibilité du réel », dans Chimèresno 25, 1995. (sur Chaosmose)
  • « Gilles Deleuze et Félix Guattari : territoires et devenirs », dans Le Portiqueno 20, 2007.
  • « L’effet-Guattari », dans Multitudesno 34, 2008.

Notes et références [modifier]

  1. De nombreux sites sont consacrés à Guattari, avec ou sans Deleuze. On pourra en premier lieu consulter le site de la revue Chimères, qu’ils ont fondée ensemble. On y trouvera des articles, des séminaires, au format pdf [archive], ainsi que des liens vers d’autres sites.
  2. Voir « Deleuze/Guattari : histoire d’une rencontre » par Anne QuerrienMagazine littéraire, n°406, février 2002.
  3. Voir le Centre de recherches sur la Subjectivité de l’Université de São Paulo [archive].
  4. Dans la lignée traditionnelle de critique des sciences humaines et, en particulier, de l’histoire, le premier apport original du CERFI concerne la critique de lapsychanalyse, sa deuxième marque distinctive étant l’ approche « généalogique » de l’histoire, centrée autour des phénomènes du « pouvoir », celle dontNietzsche (La Généalogie de la morale) ou encore Foucault (Histoire de la folie à l’âge classique) ont pu établir le tracé : à la différence des autres types de discours, ceux que produit la méthode généalogique visent à approcher les valeurs dont ils parlent par les côtésde biais.
  5. Voir « Félix Guattari militant » [archive] par Oreste Scalzone et Anne Querrien, dans Multitudes.
  6. Voir à ce propos le site de l’Université tangente [archive].
  7. Sur le concept de machine chez Guattari (et Deleuze), voir Maurizio Lazzarato, « La machine » [archive].
  8. Entretien avec Félix Guattari en 1991 à la télévision grecque [archive]
  9. Voir le portrait [archive] intimiste qu’en dresse l’écrivain Michel Butel
  10. Dans la préface à une édition espagnole d’un recueil de textes, Anne Querrien retrace le complexe historique et politique dans lequel l’activité de Guattari s’enracine et sa pensée continue de dessiner des lignes de devenirs possibles. Voir « Schizoanalyse, capitalisme et liberté. La longue marche des désaffiliés » [archive].

Liens externes [modifier]

Textes de Guattari en ligne

 

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Gilles Deleuze

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Gilles Deleuze
Philosophe français
Philosophie contemporaine

Naissance 18 janvier 1925 (Paris)
Décès 4 novembre 1995(Paris)
École/tradition métaphysique continentale
Principaux intérêts philosophiepolitique,psychanalyseesthétique (cinéma,littératurepeinture)
Idées remarquables Corps-sans-organes,déterritorialisation / reterritorialisation, devenir, événement, ligne de fuite, plan d’immanence, personnage conceptuel, rhizome
Œuvres principales Différence et répétitionLogique du sensL’Anti-ŒdipeMille Plateaux
Influencé par StoïcismeLucrèceDuns Scot,SpinozaLeibnizHumeSade,CarrollNietzscheBergson,ProustArtaudBlanchot,SimondonGuattari
A influencé Félix GuattariÉric AlliezAlain BadiouAlexander BardBarbara CassinJean-Clet MartinToni NegriFrédéric NeyratPeter SloterdijkMichel OnfrayAndré ScalaArnaud VillaniFrançois ZourabichviliJean Baudrillard,Miguel BenasayagRichard PinhasOllivier Pourriol
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Gilles Deleuze est un philosophe français né à Paris le 18 janvier 1925 et mort à Parisle 4 novembre 1995. Des années 1960 jusqu’à sa mort, Deleuze a écrit de nombreuses œuvres philosophiques très influentes, sur la philosophie, la littérature, le cinéma et lapeinture notamment.

D’abord perçu comme un historien de la philosophie, Deleuze se révèle vite un créateur en philosophie : il s’intéresse tout particulièrement aux rapports entre sens, non-sens et événement (à partir de l’œuvre de Caroll et du stoïcisme grec). Il développe unemétaphysique et une philosophie de l’art originales. Avec Félix Guattari, il crée le concept de déterritorialisation, menant une critique conjointe de la psychanalyse et ducapitalisme.

Ses œuvres principales, Différence et répétition (1968), Logique du sens (1969), L’Anti-Oedipe (1972) et Mille plateaux (1980) (ces deux dernières co-écrites avec Félix Guattari), eurent un retentissement certain dans les milieux universitaires occidentaux et furent très à la mode des années 1970 aux années 1980. La pensée deleuzienne est parfois associée au post-structuralisme.

Sommaire

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Biographie [modifier]

Deleuze fait entre 1944 et 1948 ses études de philosophie à la faculté des lettres de l’université de Paris, où il rencontre Michel Butor,François ChateletClaude LanzmannOlivier Revault d’AllonnesMichel Tournier. Ses professeurs sont Ferdinand AlquiéGeorges CanguilhemMaurice de GandillacJean Hyppolite.

Devenu professeur agrégé en 1948, il enseigne au lycée d’Amiens, puis au lycée Pothier d’Orléans et au lycée Louis le Grand. Il obtient un poste d’assistant à la faculté des lettres de l’université de Paris en 1957 et se consacre alors à l’histoire de la philosophie. En 1960, il devient attaché de recherche du CNRS, puis en 1964, il est chargé d’enseignement à la faculté des lettres de l’université de Lyon.

En 1969, Deleuze obtient à l’université de Paris le doctorat ès lettres avec comme thèse principale, Différence et répétition (directeur Maurice de Gandillac), et comme thèse secondaire, Spinoza et le problème de l’expression (directeur Ferdinand Alquié).

La même année, c’est la rencontre avec Félix Guattari1 ; suivra entre eux une longue et fructueuse collaboration2. C’est une de ses influences décisives, avec SimondonSpinozaNietzscheBergson et Leibniz.

Nommé alors maître de conférences à l’Université Paris-VIII, puis professeur, il y enseigna jusqu’à sa retraite universitaire en 1987. Gilles Deleuze fut, de l’avis de beaucoup, un professeur extraordinaire. Comme dans ses ouvrages d’histoire de la philosophie, il parvenait, selon ses partisans, à conjuguer la rigueur et l’érudition de l’universitaire à la plus grande imagination conceptuelle, le tout en des termes simples. Ses cours connurent un grand succès, attirant un public nombreux, international et diversifié. Grâce à sa femme, Fanny Deleuze, une partie importante de cet enseignement est disponible, transcrit à la lettre, sur le site de Richard Pinhas3.

« Un jour, peut-être, le siècle sera deleuzien. » Tel fut le sentiment de Michel Foucault à l’égard d’un philosophe qui marqua profondément la pensée de la fin du xxe siècle. On demanda à Deleuze comment il interprétait cette phrase ; il répondit que Foucault pensait sans doute qu’il représentait l’expression la plus pure de la pensée de la différence, car il en était l’expression purement conceptuelle, c’est-à-dire ni historique (comme Michel Foucault), ni critique (comme Roland Barthes, par exemple), etc. : « il voulait sans doute dire que j’étais le plus innocent, le plus philosophe ».

Atteint d’une grave maladie respiratoire, Gilles Deleuze s’est suicidé le 4 novembre 1995. « Ce sont [les] organismes qui meurent, pas la vie4. ». Il est enterré à Saint-Léonard-de-Noblat, en Haute-Vienne.

Il est le père d’Émilie Deleuze, réalisatrice française, et de Julien Deleuze, traducteur de l’anglais.

Philosophie [modifier]

Histoire et devenir de la philosophie [modifier]

Ses premières œuvres, écrites sur des philosophes (Hume, Kant, Nietzsche, Bergson) et des écrivains (Proust, Sacher-Masoch), sont rapidement considérées comme des ouvrages de référence. Toutes témoignent d’un effort pour saisir ce qu’il y a d’essentiellement nouveau chez chacun de ces auteurs. En développant ces apports historiques, Deleuze pose aussi les jalons d’un système philosophique axé sur la production du nouveau (ou création), et qui célèbre ainsi la vie. Il tente d’élaborer un « empirisme transcendantal ». Sa thèse, avec d’une partDifférence et répétition, qui élabore une conception neuve de la différence (comme première et non pensée sur fond d’identique), et d’autre part Spinoza et le problème de l’expression, qui élabore la conception d’une vie tout entière immanente (où Dieu et l’être ne font qu’un), marque une avancée décisive dans le déploiement de cette philosophie. (à continuer)

Pour Deleuze, « la philosophie est l’art de former, d’inventer, de fabriquer des concepts » (Qu’est-ce que la philosophie ?), chose dont il ne s’est jamais privé. Il assure que la philosophie ne s’adresse pas qu’aux spécialistes, et l’on peut dire de lui ce qu’il disait de Spinoza : tout le monde est capable de le lire, et d’en tirer de grandes émotions, ou de renouveler complètement sa perception, même s’il en comprend mal les concepts. Inversement, un historien de la philosophie qui n’en comprend que les concepts n’a pas une compréhension suffisante.

« Il faut les deux ailes, comme disait Jaspers, ne serait-ce que pour nous emporter philosophes et non-philosophes vers une limite commune. »

— Pourparlers, p. 225

Dans l’Abécédaire, il raconte que ce qui lui a le plus fait plaisir, dans le courrier qu’il a reçu après la publication du Pli, ce n’étaient pas les lettres d’universitaires, mais celles d’un club d’origamistes et d’un club de surfeurs.

Pour le lecteur, que la lecture soit toute récente ou fort ancienne, Deleuze, c’est toujours un labyrinthe. La lecture trop fraîche le prend pour une « machine à dérouter », on le conçoit ensuite plutôt comme « machine à orienter ». C’est à la condition de disposer des segments nécessaires pour re-construire soi-même le principe de ce labyrinthe, afin de s’y orienter et d’y orienter le lecteur5.

Clinique et politique [modifier]

Le premier concept proposé par Gilles Deleuze est celui du plan de consistance[réf. souhaitée], qu’il rejettera ensuite au profit de celui de plan d’immanence.

La philosophie de Deleuze est celle d’une immanence absolue. Pas de transcendant, pas de négation, pas de manque, mais un « complot d’affects », une « culture de la joie », une « dénonciation radicale des pouvoirs »6. Une philosophie de la vie et de la pure affirmation, de l’immanence, donc, comme sortie des frontières du sujet :

« En chacun de nous, il y a comme une ascèse, une partie dirigée contre nous-mêmes. Nous sommes des déserts, mais peuplés de tribus, de faunes et de flores. (…) Et toutes ces peuplades, toutes ces foules, n’empêchent pas le désert, qui est notre ascèse même, au contraire elles l’habitent, elles passent par lui, sur lui. (…) Le désert, l’expérimentation sur soi-même, est notre seule identité, notre chance unique pour toutes les combinaisons qui nous habitent. »

— Dialogues, p. 18

La philosophie de Deleuze croise ici une première fois les intérêts de Foucault pour la folie. Tous deux pensèrent en effet sérieusement à la folie et à un dialogue possible avec elle. Si Foucault le fit en la prenant comme un objet historique complexe dont il lut la genèse comme l’envers et la condition non-nécessaire de notre pensée (« la pensée de la folie n’est pas une expérience de la folie, mais de la pensée : elle ne devient folie que dans l’effondrement »), Deleuze, à son tour, dans son rapprochement avec Félix Guattari, céda à la tentation de ces parages dans la création de ses propres concepts. Peut-être le « rhizome » est-il l’expression extrême de cela. En fait on peut y penser comme à un rayon X de la pensée du dehors, dans sa logique la plus intime, c’est-à-dire quand elle est le plus tournée vers le dehors. On trouve en elle l’ouverture d’un désert, la mobilité oubliée, la connectivité errante, la prolifération multidirectionnelle, l’absence de centre, de sujet, d’objet – une topologie et une chronologie assez hallucinatoires. En bref, on ne trouve pas la carte d’un autre monde mais plutôt l’autre cartographie possible de tous les mondes – ce qui fait précisément de ce monde un autre, nous délivrant des chaînes de la quotidienneté.

« Faire d’un événement, si petit soit-il, la chose la plus délicate du monde, le contraire de faire un drame, ou de faire une histoire. »

— Dialogues, p. 81

Deleuze a, sur la fin de sa vie, esquissé – second croisement – le prolongement d’une idée de Foucault qui envisageait la fin des sociétés disciplinaires. Gilles Deleuze donne dans deux conférences des pistes de réflexion sur le contrôle en affirmant que Foucault en avait explicitement formé le concept. Cette assertion fut démentie par de nombreux auteurs par la suite : en effet Foucault n’avait rien publié sur le sujet. Toutefois ses cours au collège de France des années 1975-1976, 1976-1977 et 1977-1978 publiés en 2002 font état d’une recherche avancée dans cette direction. Les sociétés de contrôle ou de sécurité sont un troisième temps dans l’histoire des disciplines et succèdent aux sociétés disciplinaires. Le processus de mutation est contemporain selon Deleuze, et remonte selon Foucault au xixe siècle. L’approche historique de Foucault se démarque ici encore de l’approche conceptuelle de Deleuze7.

« Le contrôle est à court terme et à rotation rapide, mais aussi continu et illimité, tandis que la discipline était de longue durée, infinie et discontinue… L’homme n’est plus l’homme enfermé, mais l’homme endetté. »

— Pourparlers, p. 246

Cinéma [modifier]

Action, réaction [modifier]

L’analyse que Deleuze fait du Cinéma est largement fondée sur l’œuvre d’Henri BergsonMatière et mémoire. D’un point de vue physiologiqueet de manière très simplifiée (mais suffisante dans le cadre présent), la perception humaine suit le schème sensori-moteur suivant :

  • des capteurs (œiloreille…) reçoivent de l’information dans notre environnement. Ils captent l’action de l’environnement sur nous.
  • cette information est envoyée, via des nerfs sensoriels vers le cerveau.
  • ce cerveau est capable de prendre une décision de réaction à l’environnement.
  • le signal de réaction est transmis via des nerfs moteurs vers des muscles.
  • ces muscles réalisent effectivement la réaction.

Le cerveau humain est donc fondamentalement l’interface entre des actions reçues et des réactions émises. Il fonctionne toujours selon leprincipe d’action-réaction.

Contrairement à une idée répandue, nos perceptions ne sont pas de simples copies mentales de notre environnement. C’est-à-dire qu’elles ne se résument pas au signal envoyé par les capteurs au cerveau. C’est ce signal sensoriel traité par le cerveau afin d’envisager les réactions possibles qui constitue notre perception. La perception n’est pas l’action reçue, mais l’ensemble des réponses possibles à cette action.

Habitude et réflexion pure [modifier]

Entre l’action et la réaction, il peut s’écouler un laps de temps plus ou moins long.

Dans le cas extrême de l’habitude, la réaction s’enchaîne de manière quasi-instantanée avec l’action. Il ne s’agit pas de réflexe, mais lorsqu’une séquence d’action est effectuée souvent, l’enchaînement est bien connu, et peut être réalisé rapidement et sans nécessiter de concentration. Ce qui permet de gagner en efficacité, en rapidité et libère le cerveau. Un exemple typique est l’apprentissage de la conduite : d’abord éprouvante, elle devient de moins en moins pénible au fur et à mesure que les séquences de mouvements deviennent habituelles. Un autre exemple, sorte d’effet de bord, est l’écoute d’un disque bien connu, lorsque la fin d’un morceau nous rappelle le début du suivant. La séquence est ici connue par cœur et nous anticipons l’action suivante par habitude.

Mais que se passe-t-il si nous activons la lecture aléatoire ? Le morceau attendu n’est pas joué, remplacé par un autre. Nous sommes perturbés. Et c’est là la limite de l’habitude : elle n’est absolument pas adaptable. Dès lors que l’on se trouve dans une situation peu courante, l’habitude est totalement inefficace. Il faut alors faire appel à sa mémoire, rechercher dans notre passé des expériences pas trop éloignées, capable de nous éclairer sur le choix à faire dans la situation présente. Il faut réfléchir, et cela prend du temps. Nécessairement, le temps entre l’action reçue et la réaction apportée s’étire. A l’extrême limite, ce temps devient infiniment long : c’est la réflexion pure. L’action ne donne plus lieu à une réaction, le schème sensori-moteur est brisé.

Il s’agit de deux extrêmes et le fonctionnement réel du cerveau oscille en permanence entre les deux. Le choix dépend des besoins du moment et du temps disponible. Si j’ai une décision très importante à prendre, je vais prendre le temps de réfléchir, prendre le temps d’étudier les divers arguments. C’est le temps nécessaire à la réflexion qui décide du moment de la réaction : prendre une décision sensée. Mais si je suis dans mon transat et qu’un ballon arc-en-ciel se dirige vers moi, je vais m’écarter rapidement et renverser le cocktail que je tenais à la main : la réaction est rapide mais pas optimale. Si j’avais eu le temps, j’aurais pensé au cocktail et me serais déplacé différemment. Mais voilà, je n’ai pas eu le temps, le danger était trop imminent. Le temps disponible pour la réflexion est contraint par l’urgence de l’action/réaction.

Image-mouvement, image-temps [modifier]

Gilles Deleuze illustre la réflexion précédente à travers le cinéma.

De la même manière que le cerveau fonctionne entre deux types extrêmes, on retrouve au cinéma deux grandes images correspondantes. D’un côté l’image-mouvement, qui repose sur le schème sensori-moteur (l’action donne lieu à une réaction). De l’autre l’image-temps, reposant sur la réflexion pure. Dans la première image, l’action décide du temps. Un personnage sort de la pièce – cut – le même personnage est vu en extérieur sortant de chez lui et empruntant la rue. Le plan a été coupé parce que le personnage n’avait plus rien à y faire. C’est l’action (la sortie du personnage) qui arrête le plan et décide de sa durée. Le plan suivant constitue la réaction. Le temps dépend de l’action. : « L’image-mouvement […] nous présente un personnage dans une situation donnée, qui réagit à cette situation et la modifie… Situation sensori-motrice8. » L’image-mouvement constitue une grosse majorité des images que nous voyons, et pas seulement des films d’actions. Un simple dispositif d’entrevue avec un journaliste et une personnalité, champ sur le journaliste qui pose sa question, contre-champ sur l’interviewé qui y répond, relève de l’image-mouvement pure et simple.

Mais prenons maintenant le plan suivant : Un père part pêcher avec son fils qu’il n’a pas vu depuis longtemps. Ils s’installent sur les berges. Le contact est difficile, ils ne disent rien, ils regardent à l’horizon. Cela dure un certain temps, nettement plus long que le temps nécessaire au spectateur pour comprendre simplement qu’ils pêchent. Cut. Le plan suivant n’a rien à voir. Par exemple, la mère emmène le fils en voiture à la ville. Il n’y a pas de lien de cause à effet entre les deux plans. On ne saurait pas dire si cela se passe avant ou deux heures plus tard ou le mois suivant. Le fait d’aller pêcher n’a donné lieu à aucune réaction, et si le plan avait duré plus longtemps il ne se serait rien passé de nouveau. La durée du plan n’est plus décidée par l’action, le temps est indépendant de l’action. On ne connaît pas le résultat de la pêche et ça n’a aucune importance. Ce plan fait partie de ce que Gilles Deleuze appelle : « une situation optique et sonore pure ». Ce qu’on retrouve dans le « film ballade ». On peut penser à Minuit dans le jardin du bien et du mal de Clint EastwoodDead Man de Jim Jarmush par exemple.

Historiquement, le cinéma a commencé par utiliser essentiellement l’image-mouvement. Elle est associée à la logique, à la rationalité. Lors d’un champ-contrechamp entre deux personnages qui se parlent, on n’a pas le choix du moment des coupes : elles suivent les interventions des personnages. À toute question, on attend une réponse cohérente. « On attend », c’est-à-dire que l’on se retrouve dans le cadre de l’habitude, on anticipe non pas forcément le contenu de la réponse, mais au moins qu’une réponse va être donnée et on sait par avance qu’elle surviendra à la fin de la question.

Gilles Deleuze situe l’arrivée de l’image-temps après la Seconde Guerre mondiale : on ne croît plus à ce principe d’action-réaction. La guerre est une action complexe qui nous dépasse, il n’est pas possible de réagir, de modifier la situation, de la rendre claire. D’où l’apparition de l’image-temps avec le Néo-réalisme italien, puis la Nouvelle Vague française, et la remise en cause du cinéma hollywoodien aux États-Unis. Les Héros de Federico Fellini (La Dolce Vita) ou de Luchino Visconti (Mort à Venise) sont désenchantés, ils refusent d’agir, de choisir. Et c’est déjà beaucoup dire qu’ils refusent d’agir. Le schème sensori-moteur se rompt parce que le personnage a vu quelque chose de trop grand pour lui. Deleuze revient constamment sur une image de Europe 51 de Rossellini : la femme passe devant une usine, s’arrête. « J’ai cru voir des condamnés ». La souffrance est trop forte pour qu’elle continue sa route « comme d’habitude ». L’image-temps vient rompre avec l’Habitude et fait entrer le personnage dans la dimension du temps : « un morceau de temps à l’état pur ». Et c’est cela qui intéresse Deleuze pour son propre compte dans le cinéma, à savoir la manière dont l’image cinématographique peut exprimer un temps qui soit premier par rapport au mouvement. Ce concept de temps est construit par rapport au concept bergsonien de temps et se développe selon deux modalités. Le temps, c’est d’abord le temps présent, ici et maintenant. Mais, selon une seconde modalité, le temps ne cesse pas de se déployer dans deux directions, passées et futures. C’est pourquoi Deleuze insiste dans son analyse de Visconti sur le « trop tard ». DansMort à Venise, l’artiste comprend trop tard ce qui a manqué à son œuvre. Alors qu’il est ici et maintenant en train de pourrir, de se décomposer au présent, le personnage comprend en même temps, mais comme dans une autre dimension, dans la lumière aveuglante du soleil sur Tadzio, que la sensualité lui a toujours échappée, que la chair et la terre ont manqué à son œuvre.

Cette conception de l’image-temps amène Deleuze à poser l’assertion suivante : « l’image de cinéma n’est pas au présent ». En effet, si le temps ne cesse pas d’insister, de revenir sur lui-même, et de constituer une mémoire en même temps qu’il passe, alors ce que nous montrent les films, ce sont des zones de la mémoire, des « nappes de passé », qui occasionnellement se concentrent et convergent dans des « pointes de présent ». A cet égard, Orson Welles est bien un des plus grands réalisateurs modernes en tant qu’il a saisi cette dimension mnésique de l’image. Citizen Kane est un film construit en mémoire, où chaque section, chaque zone apparaît comme une couche stratifiée qui vient converger ou diverger avec d’autres zones. Chaque « nappe de mémoire » apparaît grâce à l’utilisation de la profondeur de champ faite par Welles : celle-ci, à l’image du temps lui-même, permet d’agencer, dans la même image différents mouvements, différents événements qui forment comme un monde à soi, à l’image du souvenir proustien, duquel Deleuze tire l’expression propre de l’image-temps : « un petit morceau de temps à l’état pur ».

Tout comme le cerveau oscille entre habitude et réflexion, il est bien sûr possible de mélanger les deux images. Reprenons notre homme qui sort de chez lui : l’image mouvement voudrait que le cut survienne quand il passe la porte. Maintenant, la caméra s’attarde une, peut-être deux secondes dans la pièce vide, puis cut, et plan extérieur. L’image-mouvement est pervertie : il y a bien action et réaction, mais le temps ne correspond pas, créant un sentiment de gène : pourquoi la caméra s’attarde-t-elle dans cette pièce vide où il ne se passe plus rien ? Ou alors il y a action et réaction mais la réaction n’est pas logique. Dans Lost Highway de David Lynch par exemple, on remarque l’abondance de plans « trop longs », des espaces sombres et vides, des réponses improbables, des absences de réponses…

Notes et références [modifier]

  1. Cf. « Deleuze/Guattari : histoire d’une rencontre » par Anne Querrien,Magazine littéraire, n°406, février 2002.
  2. Notamment avec la création de la revue Chimères [archive].
  3. Webdeleuze [archive] : cours de Deleuze, en français, anglais, espagnol, etc.
  4. « C’est la puissance d’une vie non-organique, celle qu’il peut y avoir dans une ligne de dessin, d’écriture ou de musique. Ce sont ces organismes qui meurent, pas la vie. Il n’y a pas d’œuvre qui n’indique une issue à la vie, qui ne trace un chemin entre les pavés. »
    Entretien de Gilles Deleuze avec Raymond Bellour et François Ewald : « Signes et événement », dans le Magazine littéraire, 1988, p. 20
  5. Voir, pour l’exemple, les Causeries sur Deleuze [archive] par René Schérer (Les Conférences du mardi à la Maison Populaire de Montreuil 2004/2005)
  6. C’est dans ces termes que Deleuze, dans une conversation de juin 1991 avec Domique Lacout, évoque son amour de Léo Ferré : « Se demander si “on aime" Untel ou untel revient à s’interroger sur le plaisir qu’il nous procure. Avec Léo Ferré, il n’y a aucun doute possible : le plaisir est immense. D’abord un plaisir abstrait, cérébral. On est happé par le sens des mots. Puis une sensation plus physique qui est un effet du plaisir cérébral et qui parle au corps lui-même. Typiquement on appelle cela la jouissance. Et puis cet homme superbe à qui l’âge ne donne pas, comme on dit bêtement, une “éternelle jeunesse", mais une tonalité de liberté absolue, une grâce incomparable qui va bien au-delà de la vie et de la mort elles-mêmes. Léo Ferré a ce don extrême de dire des choses simples en révélant ses affects et ses expériences dont nous nous sentons les complices. C’est ce qu'[on] devrait montrer : ce complot d’affects, […] cette culture de la joie, cette dénonciation radicale des pouvoirs, ce glissement progressif vers un plaisir qui est le contraire de la mort. Ce que je peux exprimer bêtement par : j’aime Léo Ferré. Non parce qu’il est bête d’aimer Léo Ferré, mais parce que c’est dire bêtement une complicité qui peut mettre l’ordre en péril. Ferré est dangereux parce qu’il y a chez lui une violence (maîtrisée) qui s’appelle le courage de dire. Il perçoit partout, dans le monde, dans la vie individuelle, l’intolérable. C’est un homme de passion habité par la sérénité. C’est un plongeur de l’émotion qui utilise les mots comme des grains de sable dansant dans la poussière du visible. » (Dominique Lacout, Léo Ferré, Éditions Sévigny, 1991, p. 321-322)
  7. Voir son Post-scriptum sur les sociétés de contrôle [archive]. Cependant, « si, en fait, il existe une analogie aux démarchesschizoanalytique de Deleuze-Guattari et généalogique de Foucault, elle serait à chercher du côté d’une même machinerie travaillant sur desagencements d’objets partiels – désir, pouvoir, corps –, que ceux-ci s’effectuent à des niveaux locaux ou régionaux. » (Stéphane Nadaud, « Généalogie et schizoanalyse », Chimères, n°54/55, 2004)
  8. Cours de G. Deleuze du 31/01/84, voirwww.webdeleuze.com [archive]

Le vocabulaire de Deleuze [modifier]

Œuvres [modifier]

Écrits [modifier]

  • Empirisme et subjectivité. Essai sur la nature humaine selon Hume, Presses Universitaires de France, Paris, 1953, 152 p.
  • Nietzsche et la philosophie, Presses Universitaires de France, Paris, 1962.
  • La Philosophie critique de Kant, Presses Universitaires de France, Paris, 1963.
  • Proust et les signes, Presses Universitaires de France, Paris, 1964. – rééd. 2010
  • Nietzsche, Presses Universitaires de France, Paris, 1965.
  • Le Bergsonisme, Presses Universitaires de France, Paris, 1966, 119 p.
  • Présentation de Sacher-Masoch : La Vénus à la fourrure. Paris, Éd. de Minuit, 1967, 276 p.
  • Spinoza et le problème de l’expression, Les éditions de Minuit (coll. « Arguments »), Paris, 1968, 332 p.
  • Différence et répétition, Presses Universitaires de France, Paris, 1968, 409 p.
  • Logique du sens, Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1969, 392 p..
  • L’Anti-Œdipe – Capitalisme et schizophrénie, en collaboration avec Félix Guattari, Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1972, 494 p.
  • Kafka. Pour une littérature mineure, en collaboration avec Félix Guattari, Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1975, 159 p.
  • Rhizome, en collaboration avec Félix Guattari. Paris, Éd. de Minuit, 1976. (Repris dans Mille-Plateaux.)
  • Dialogues avec Claire Parnet. Paris, Flammarion, 1977, 184 p. ; 2e éd. 1996, coll. « Champs », 187 p. (contient une annexe sur L’actuel et le virtuel)
  • Superpositions, en collaboration avec Carmelo Bene. Paris, Éd. de Minuit, 1979, 131 p.
  • Mille Plateaux – Capitalisme et schizophrénie 2, en collaboration avec Félix Guattari, Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1980, 645 p.
  • Spinoza – Philosophie pratique, Les éditions de Minuit, Paris, 1981, 177 p.
  • Francis Bacon : logique de la sensation. Paris, Editions du Seuil (coll « L’ordre philosophique»), 1981, 158 p.
  • L’image-mouvement. Cinéma 1, Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1983, 298 p.
  • L’image-temps. Cinéma 2, Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1985, 378 p.
  • Foucault, Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1986.
  • Le Pli – Leibniz et le baroque, Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1988, 191 p.
  • Périclès et Verdi. La philosophie de François Châtelet, Les éditions de Minuit, Paris, 1988, 27 p.
  • Pourparlers 1972 – 1990, Les éditions de Minuit, Paris, 1990 (extrait : « Les intercesseurs »).
  • Qu’est-ce que la philosophie ?, en collaboration avec Félix Guattari, Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1991, 206 p.
  • « L’Épuisé », postface à Quad, de Samuel Beckett. Paris, Éd. de Minuit, 1992.
  • Critique et clinique, Les éditions de Minuit (coll. « paradoxe »), Paris, 1993.
  • L’Île déserte et autres textes. Textes et entretiens 1953-1974, édité par David Lapoujade, Les éditions de Minuit (coll. « paradoxe »), Paris, 2002.
  • Deux régimes de fous. Textes et entretiens 1975-1995, édité par David Lapoujade, Les éditions de Minuit (coll. « paradoxe »), Paris, 2003.

Film [modifier]

Vidéo [modifier]

Audio [modifier]

  • Artifice et société dans l’œuvre de Hume (15 min. 1956), Le Dieu de Spinoza (4 min. 1960), Le Travail de l’affect dans l’éthique de Spinoza (8 min. 1978), 3 interventions réunies dans Anthologie sonore de la pensée française par les philosophes du xxe siècle EditionsINAFrémeaux & Associés, 2003.
  • Spinoza, immortalité et éternité, 2 CD, Gallimard, « A voix haute », 2005.
  • Leibniz, âme et damnation, 2 CD, Gallimard, « A voix haute », 2005.
  • Gilles Deleuze, cinéma, 6 CD, Gallimard, « A voix haute », 2006.
  • La voix de Gilles Deleuze en ligne, enregistrements des cours donnés à l’université Paris VIII Saint-Denis et leurs transcriptions.

Voir aussi [modifier]

Bibliographie critique [modifier]

Les ouvrages traitant de Deleuze sont nombreux, en France comme dans le monde anglo-saxon. Parmi eux :

  • Pierre BoutangApocalypse du désir, II, 3, Grasset, 1979.
  • Éric AlliezLa Signature du monde, ou Qu’est-ce que la philosophie de Deleuze et GuattariÉditions du Cerf, 1993.
  • François ZourabichviliDeleuze. Une philosophie de l’événement, PUF, 1994.
  • Éric Alliez, Deleuze : philosophie virtuelleLes Empêcheurs de penser en rond, Le Plessis-Robinson, 1996, 55 p.
  • Alan Sokal et Jean BricmontImpostures intellectuelles, Odile Jacob, 1997.
  • Alain BadiouDeleuze. La clameur de l’être, Hachette, 1997.
  • Alberto Gualandi, Deleuze, Les Belles Lettres, coll. Figures du Savoir, 1998.
  • Manola AntonioliDeleuze et l’histoire de la philosophieÉditions Kimé, 1999.
  • Arnaud VillaniLa guêpe et l’orchidée : essai sur Gilles Deleuze, Belin, Paris, 1999, 137 p.
  • Suzanne Hême de Lacotte, Deleuze, philosophie et cinéma, l’Harmattan, Paris, 2001.
  • Manola Antonioli, Géophilosophie de Deleuze et Guattari, l’Harmattan, 2003.
  • Stefan Leclercq, Gilles Deleuze. Immanence, univocité, transcendantal, Éditions Sils Maria, 2003, 215 p.
  • Philippe MengueDeleuze et la question de la démocratie, l’Harmattan, Paris, 2003, 230 p.
  • François Zourabichvili, Le vocabulaire de Deleuze, Ellipses, Paris, 2003, 95 p.
  • Jacques Derrida, « Il me faudra errer tout seul », in Chaque fois unique, la fin du monde, Galilée, 2003. Disponible ici
  • Alain Beaulieu, Gilles Deleuze et la phénoménologie, Éditions Sils Maria, 2004, 282 p.
  • François Zourabichvili, Anne SauvagnarguesPaola MarratiLa philosophie de Deleuze, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2004.
  • Anne SauvagnarguesDeleuze et l’art, PUF, coll. « Lignes d’art », 2005.
  • Yann Laporte, Gilles Deleuze, l’épreuve du temps, l’Harmattan, Paris, 2005.
  • Jean-Clet MartinLa philosophie de Gilles Deleuze, Payot, Paris, 2005.
  • Mireille Buydens, Sahara. L’esthétique de Gilles Deleuze (Vrin rééd. 2005)
  • Jean-Philippe Cazier, « Littérature : la pensée et le dehors » (Deleuze-Foucault), Inculte, n°9, 2006.
  • Frédéric Astier, Les cours enregistrés de Gilles Deleuze – 1979-1987, Éditions Sils Maria, 2006.
  • Arnaud Bouaniche, Gilles Deleuze, une introduction, Pocket/La Découverte, coll. « Agora », 2007.
  • François DosseGilles Deleuze Félix Guattari, Biographie croisée, La Découverte, 2007.
  • Slavoj ŽižekOrganes sans corps : Deleuze et Conséquences, Amsterdam, 2008 (2003)
  • Pierre MontebelloDeleuze : la passion de la pensée, Paris, J. Vrin, « Bibliothèque des philosophies », 2008 . ISBN 978-2-7116-1958-0
  • Pierre Montebello, Deleuze, philosophie et cinéma, Paris, J. Vrin, « Philosophie et cinéma », 2008. ISBN 978-2-7116-1998-6
  • Jean-Christophe Goddard, Violence et subjectivité – Derrida, Deleuze, Maldiney, Vrin, « Moments philosophiques », 2008.
  • Anne SauvagnarguesDeleuze. L’empirisme transcendantal, Paris, P.U.F., 2009.
  • Paolo Godani, Deleuze, Roma, Carocci, 2009.

Ouvrages collectifs [modifier]

  • Rue DescartesGilles Deleuze. Immanence et vie, PUF, 1998 [réédité en 2006], 158 p. (Publication d’un colloque organisé au Collège international de philosophie.)
  • Eric Alliez (éd.), Gilles Deleuze, une vie philosophique, Les Empêcheurs de penser en rond, Le Plessis-Robinson, 1998, 576 p.
  • Yannick Beaubatie (sous la direction de), Tombeau de Gilles Deleuze, Tulle, Editions Mille Sources, 2000.
  • Revue Concepts, hors série, Gilles Deleuze 1, Editions Sils Maria, 2002.
  • Revue Concepts, hors série, Gilles Deleuze 2, Editions Sils Maria, 2003.
  • Les Cahiers de Noesis, n° 3 : Le vocabulaire de Gilles Deleuze, 2003.
  • Revue Concepts n° 8, Gilles Deleuze, Michel Foucault – Continuité et disparité, Editions Sils Maria, mars 2004, 119 p.
  • Manola Antonioli, Pierre-Antoine Chardel et Hervé Regnauld (dir.), Gilles Deleuze, Félix Guattari et le politique, Editions du Sandre, 2003
  • François Zourabichvili, Anne Sauvagnargues, Paola Marrati, La Philosophie de Deleuze, PUF, Paris, 2004, 340 p., (ISBN 2130547389).
  • André Bernold et de Richard Pinhas (éd.), Deleuze épars : approches et portraits, Hermann, Paris, 2005, 216 p.
  • Alain Beaulieu (dir.), Gilles Deleuze. Héritage philosophique, PUF, 2005.
  • Stéfan Leclercq (dir.), Aux sources de la pensée de Gilles Deleuze, Editions Sils Maria, 2006, 250 p.
  • Benoît Timmermans (dir.), Perspective. LeibnizWhitehead, Deleuze, Vrin, 2006.
  • Paolo Godani, Delfo Cecchi (dir.), Falsi Raccordi – Cinema e filosofia in Deleuze, ETS, Pisa, 2007 (ISBN 978-884671848-8).
  • Nicolas CornibertJean-Christophe Goddard (dir.), Ateliers sur L’Anti-Oedipe, MIMESIS/MetisPRESSES, 2008

Liens externes [modifier]

 

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Alexis Philonenko

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Alexis Philonenko est un historien de la philosophie, né en France en 1932. Il est spécialiste de philosophie allemande.

Au début de sa carrière sa recherche portait essentiellement sur Fichte et Kant, qu’il aborda sous un angle nouveau, tendant à souligner des interdépendances jusque là méconnues. Notamment la vision de la philosophie fichtéeenne s’en est trouvée renouvelée et la synthèse quintuple apparaît comme une clé essentielle pour le déchiffrage de nombreux textes.

Par la suite, son intérêt l’a porté vers une approche que l’on pourrait qualifier d’histoire philosophique avec une dissection systématique du raisonnement d’auteurs aussi variés que Platon ou Rousseau, ainsi que Léon Chestov. (voir bibliographie).

Plus récemment, ses travaux ont inclus des ouvrages sur le sport, et la boxe en particulier ; en 1991 il reçut le grand prix du livre sportif de l’association des écrivains sportifs, dont il devint membre à part entière.

Bibliographie [modifier]

  • L’Œuvre de Kant : la philosophie critique, Paris, Vrin, “À la recherche de la vérité", 1969. 6ème éd., 1996 {ISBN 2-7116-0602-3}
  • L’Œuvre de Kant 2 : morale et politique, Paris, Vrin, “À la recherche de la vérité", 1972. 5ème éd., 1997 {ISBN 2-7116-0603-1}
  • Essais sur la philosophie de la guerre, Paris, Vrin, “Problèmes et controverses", 1976.
  • Théorie et praxis dans la pensée morale et politique de Kant et de Fichte en 1793, Paris, Vrin, “Bibliothèque d’histoire de la philosophie", 1976.
  • La Liberté humaine dans la philosophie de Fichte, Paris, Vrin, “Bibliothèque d’histoire de la philosophie", 1980.
  • Schopenhauer : une philosophie de la tragédie, Paris, Vrin, “Bibliothèque d’histoire de la philosophie", 1980.
  • Études kantiennes, Paris, Vrin, “Bibliothèque d’histoire de la philosophie", 1982.
  • Jean-Jacques Rousseau et la pensée du malheur, Paris, Vrin, “Bibliothèque d’histoire de la philosophie", 1984.
  • “L’oeuvre de Fichte“, Paris, Vrin, “À la recherche de la vérité", 1984.
  • La Théorie kantienne de l’histoire, Paris, Vrin, “Bibliothèque d’histoire de la philosophie", 1986.
  • L’école de Marbourg. Cohen – Natorp – Cassirer, Paris, Vrin, 1989. {ISBN 2-7116-0992-8}
  • L’Archipel de la conscience européenne, “Le Collège de philosophie“, Grasset, 1990.
  • La Jeunesse de Feuerbach : 1828-1848 : introduction à ses positions fondamentales, Paris, Vrin, “Bibliothèque d’histoire de la philosophie", 1990.
  • Le Transcendantal et la pensée moderne : études d’histoire de la philosophie, Paris, PUF, “Épiméthée“, 1990.
  • Histoire de la Boxe, Paris, Critérion, 1991.
  • Qu’est-ce que la philosophie ? : KantFichte, Paris, Vrin, “Pré-textes", 1991.
  • Lecture de la “Phénoménologie" de Hegel : préface – introduction, Paris, Vrin, “Bibliothèque d’histoire de la philosophie", 1993.
  • Bergson ou De la philosophie comme science rigoureuse, Éditions du Cerf, “Passages", 1994.
  • Relire Descartes, Paris, J. Grancher, “Ouverture", 1994.
  • Nietzsche : le rire et le tragique, Paris, LGF, “Le Livre de poche. Biblio essais", 1995.
  • Passent les saisons, passe la vie, Paris, Ramsay, Hallier, 1995.
  • Leçons platoniciennes, Paris, Les Belles Lettres, 1997.
  • Métaphysique et politique chez Kant et Fichte, Paris, Vrin, “Bibliothèque d’histoire de la philosophie", 1997.
  • La philosophie du malheur, Paris, Vrin, “Essais d’art et de philosophie", 1998.
  • Du sport et des hommes, Paris, Michalon, 1999.
  • Tueurs : figures du meurtre, Paris, Bartillat, 1999.
  • La Mort de Louis XVI, Paris Bartillat, 2000.
  • Commentaire de la “Phénoménologie" de Hegel : de la certitude sensible au savoir absolu, Paris, Vrin, “Bibliothèque d’histoire de la philosophie", 2001.
  • Leçons aristotéliciennes, Paris, Les Belles Lettres, 2002.
  • Leçons plotiniennes, Paris, Les Belles Lettres, 2003.
  • Schopenhauer, critique de Kant, Paris, Les Belles Lettres, 2005.
  • Wilhelm von Humboldt ou L’aurore de la linguistique, Paris, Les Belles Lettres, 2006.
  • Mohammed Ali, Un destin américain, Paris, Bartillat, 2007.

 

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Victor Goldschmidt

Victor Goldschmidt (* 28. September 1914 in Berlin; † 25. September 1981)[1] war ein französischer Philosoph deutschen Ursprungs.

Wirken [Bearbeiten]

Seine Forschungsschwerpunkte lagen vor allem bei Platon und dem Platonismus, wozu er zahlreiche Veröffentlichungen vorgelegt hat, daneben auch zu RousseauMontesquieu und anderen. Im Jahre 1984 erschien eine Sammlung seiner Aufsätze in zwei Bänden, im Jahre 1985 eine Gedenkschrift unter dem Titel Histoire et structure mit Beiträgen seiner Kollegen und Schüler.

Publikationen (Auswahl) [Bearbeiten]

  • Écrits, tome I: Etudes de philosophie ancienne : Platon, Aristote, philosophie héllénistique, St Augustin, Des anciens et des modernes, Paris 1984, ISBN 2-7116-0852-2
  • Écrits, tome II: Etudes de philosophie moderne : Spinoza, Montesquieu, Rousseau, Hegel, Schopenhauer, Paris 1984, ISBN 2-7116-0853-0
  • Les dialogues de Platon : structure et méthode dialectique, Paris 1947, 5. Aufl. 1993
  • Le paradigme dans la dialectique platonicienne, Paris 1947
  • La religion de Platon, Paris 1949
  • Essai sur le “Cratyle" : contribution à l’histoire de la pensée de Platon, Paris 1940
  • Platonisme et pensée contemporaine, Paris 1970
  • Questions platoniciennes, Paris 1970
  • Histoire et structure : à la mémoire de Victor Goldschmidt, Études réunies par Jacques Brunschwig, Paris 1985, ISBN 2-7116-0883-2

Einzelnachweise [Bearbeiten]

  1. Revue de métaphysique et de morale, Band 87, S. 289

 

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Ferdinand Alquié

Ferdinand Alquié, né le 18 décembre 1906 à Carcassonne (Aude) et mort le 28 février 1985 à Montpellier (Hérault), est un écrivain et philosophe français.

Sommaire

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Biographie [modifier]

Ferdinand Alquié est né dans une famille catholique et royaliste de viticulteurs. Son père est professeur au lycée de Carcassonne. Il étudie lui-même dans ce lycée et dans cette ville, où il fait la connaissance de René Nelli et Joë Bousquet lesquels l’influenceront dans son intérêt pour la littérature et pour le surréalisme.

Dans son journal de 19271, il raconte sa petite enfance, en particulier ses premières expériences de sexualité dès l’âge de cinq ans (lamasturbation, l’homosexualité, le fantasme anal, les rapports multiples avec les femmes, les prostituées) et ses difficultés à concilier sa « nature d’homme » et son désir avec la foi et l’éducation catholique.

Il éprouve cette contradiction en particulier lors de sa première communion. Il ne se confesse qu’à l’âge de quinze ans et considère alors comme péché l’amour des femmes, la musique et la pitié. Puis, il entre en philosophie et se livre au satanisme. Il fait l’expérience de l’écriture automatique appréhendée comme forme de libération et acceptation de la nature.

En 1924, Alquié part étudier à Paris. Il est interne au Lycée Louis-le-Grand. Il reprend à nouveau la voie mystique et se rapproche du cercle catholique autour de Marc Sangnier en cessant toute relation sexuelle avant d’entreprendre sa « conversion à rebours » pour devenir finalement « naturaliste » en acceptant son désir.

Il décrit son existence comme partagée entre l’amour du réel et la haine du réel. L’amour du réel est la base de sa vocation philosophique (« principe de réalité »). Dès l’âge de dix ans, Alquié est convaincu par le cogito de René Descartes. Le rêve, la poésie et le surréalismesont, au contraire, des réponses à l’insatisfaction du réel (« principe de l’imaginaire »).

Dans les années 1920, il fait partie avec François-Paul AlibertClaude-Louis Estève et René Nelli des proches du poète Joë Bousquet. Ensemble, ils créent, en 1928, la revue Chantiers puis collaborent à la revue Les Cahiers du Sud.

En 1927-1928, il poursuit ses études à l’université de la Sorbonne. Il est en même temps surveillant à l’École Bossuet à Paris.

Il commence sa vie d’enseignant à Saintes en 1929.

Reçu premier à l’agrégation de philosophie en 1931, il enseigne au lycée Louis-le-Grand, à Paris, puis à l’université de Montpellier, et finalement à la Sorbonne où il compte parmi ses élèves Gilles Deleuze.

En mai 1933 paraît, dans la revue Le Surréalisme au service de la Révolution, une lettre dans laquelle Alquié dénonce « le vent de crétinisation systématique qui souffle d’URSS ». Cette publication entraîne l’exclusion d’André Breton et Paul Éluard du Parti communiste français2.

En 1955, il publie Philosophie du surréalisme.

Alquié publie des ouvrages sur René DescartesEmmanuel Kant et Baruch Spinoza.

Il est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1975. Jean Guitton lui succède en 19873.

Alquié et le cartésianisme [modifier]

On l’a souvent opposé à Martial Gueroult, notamment au cours d’une polémique au sujet de Descartes : Alquié voit en Descartes avant tout le geste philosophique, Gueroult « l’ordre des raisons ».

Alquié et le surréalisme [modifier]

Alquié considère le surréalisme comme une forme de philosophie. C’est un acte de libération et en même temps une forme de connaissance de soi. Le libertinage est moins comme une forme d’hédonisme que comme une forme d’authenticité et de morale. Le surréalisme est une forme d’art, parce qu’il est un rapport à la vie, comme une “délivrance par rapport au réel tel qu’il est sous nos yeux" : “si l’art n’est pas la vie, il est à rejeter". Le surréalisme est un moyen de se rapporter à la nature sur le mode de la jouissance.4

La philosophie du surréalisme consiste en une théorie de l’amour, de la vie, de l’imagination, des rapports de l’homme et du monde. Le surréalisme est une forme de “libération totale" et en même temps une “poursuite de la vérité". Il n’est pas incompatible avec lamétaphysique dans la mesure où il où il est aussi “le messager de quelque transcendance"5.

En 1966, Alquié dirige une décade à Cerisy-la-Salle où se trouve abordée la question de l’histoire du surréalisme (Entretiens sur le surréalisme). Il ne se définit pas lui-même comme surréaliste, mais comme quelqu’un qui écrit sur le surréalisme. Il n’appartient d’ailleurs pas au groupe surréaliste et ne veut parler que du dehors. (Certains participants critiquent, d’ailleurs, le cadre universitaire de la discussion et la soumission à la “culturelle officielle".) Alquié remercie à cette occasion André Breton, qui vient de mourir, pour lui avoir appris, lorsqu’il avait vingt ans, “le sens merveilleux du mot « liberté »"6.

Œuvres [modifier]

  • Leçon de philosophie, 2 vol., Didier, 1931-1951.
  • Notes sur la première partie des Principes de la philosophie de Descartes, Éditions Chantiers, 1933.
  • Le Problème moral, Éditions Chantiers, 1933.
  • Les États représentatifs, Éditions Chantiers, 1934.
  • Les Mouvements et les actes, Éditions Chantiers, 1934.
  • Plans de philosophie générale, Éditions Chantiers, 1934; réédition La Table Ronde, “La Petite Vermillon", 2000.
  • La Science, Éditions Chantiers, 1934.
  • Les Devoirs et la vie morale (plans de morale spéciale), Éditions Chantiers, 1935.
  • Notions de psychologie générale, Éditions Chantiers, 1935.
  • Les Tendances et la raison, Éditions Chantiers, 1935.
  • Les Sciences mathématiques, les sciences de la matière et de la vie, Éditions Chantiers, 1936.
  • Les Synthèses représentatives, Éditions Chantiers, 1936.
  • Les États affectifs, Éditions Chantiers, 1937.
  • Les Opérations intellectuelles, Éditions Chantiers, 1937.
  • Le Désir d’éternité, PUF, 1943.
  • Introduction à la lecture de la Critique de la raison pure, PUF, 1943.
  • La Découverte métaphysique de l’homme chez Descartes, PUF, 1950.
  • La Nostalgie de l’être, PUF, 1950.
  • Science et métaphysique chez Descartes, Les Cours de Sorbonne, CDU, 1955.
  • Philosophie du surréalisme, Flammarion, 1955.
  • Descartes, l’homme et l’œuvre, Connaissance des Lettres, Hatier, 1956.
  • L’Expérience, PUF, 1957.
  • Édition de textes choisis de l’Éthique de Spinoza, PUF, 1961.
  • Édition des Œuvres philosophiques de Descartes, 3 vol., Garnier, 1963-1973.
  • Nature et vérité dans la philosophie de Spinoza, Les Cours de Sorbonne, CDU, 1965.
  • Solitude de la raison, Le Terrain vague, 1966.
  • La Critique kantienne de la métaphysique, PUF, 1968.
  • Entretiens sur le surréalisme, W. de Gruyter, 1968.
  • Signification de la philosophie, Hachette, 1971.
  • Le Cartésianisme de Malebranche, Vrin, 1974.
  • Malebranche et le rationalisme chrétien, Seghers, 1977.
  • La Conscience affective, Vrin, 1979.
  • Le Rationalisme de Spinoza, PUF, 1981.
  • Servitude et liberté chez Spinoza, Les Cours de Sorbonne, CDU.
  • La Morale de Kant, Les Cours de Sorbonne, 1957.
  • Édition des Œuvres philosophiques de Kant, 3 vol., Gallimard,Bibliothèque de la Pléiade, 1980, 1984, 1986.
  • Études cartésiennes, Vrin, 1983.
  • Qu’est ce que comprendre un philosophe ?

Notes et références [modifier]

  1. Ferdinand Alquié, Écrits de jeunesse, éd. Paule Plouvier, L’Âge d’homme, 2003.
  2. Adam Biro & René Passeron (sous la direction de), « Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs », Office du livre, Genève & Presses universitaires de France, Paris, 1982, p. 19
  3. Notice sur la vie et les travaux de Ferdinand Alquié, Institut de France, 1989
  4. Alquié, Cahiers de jeunesse, p. 39
  5. Alquié, Philosophie du surréalisme, Champs, 1977, “Avant-propos".
  6. Ferdinand Alquié, Entretiens sur le surréalisme, Paris, 1968, p. 11

 

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